EN

«Blue is your color», once told me the Harlem salesman, a black boulder man with a deep and firm voice.

He pronounced those words with the tone of a prophecy.

At the time, movies were still my whole life and I was desperately looking for a Kangle hat to imitate Quentin Tarantino's look.

I couldn't choose a color but those words immediately ended the discussion.

Many years have passed and those same words sound now different.

I have long found myself tangled up in blue, as the song says.

Perhaps it is also for this reason that I fell in love with the blue city, Jodhpur, which has lined its walls with this deep color.


FR

« Blue is your color », m'a dit une fois un vendeur de Harlem, un noir à la voix grave et au corps épais comme une armoire.

Il l'a dit avec le ton d'une prophétie.

A l'époque, le cinéma était encore toute ma vie et je cherchais désespérément un chapeau Kangle pour imiter le look de Quentin Tarantino.

Je n'arrivais pas à choisir une couleur mais ces mots ont immédiatement mis fin à la discussion.

Plusieurs années ont passé et aujourd'hui ces mêmes mots résonnent différemment.

Il y a longtemps que je me trouve empêtré dans ce que les Américains appellent le blues.

C'est peut-être aussi pour cette raison que j'ai aimé la ville bleue, Jodhpur, dont les murs sont tapissés de cette couleur intense.

EN

Colors and music, these are two of the aspects that have stuck with me most about India.

For three nights, not far from my window, a group of women sang songs whose words were foreign to me.

I was struggling to get to sleep, so I decided to join the party.

Below the groom's window, on a carpet laid out along the street, a group of women dressed in bright colors sang songs of blessing for the future couple.

«It's a Hindu tradition», explains a little girl who offers me a glass of Chaas.

I immediately become part of that small community gathered under the light of a street lamp.

And I realize that loneliness is still an unknown disease in this country.


FR

Couleurs et musique, les deux aspects de l'Inde qui m'ont le plus marqué.

Pendant trois nuits, non loin de ma fenêtre, un groupe de femmes a chanté des chansons dont les paroles m'étaient inconnues.

Comme j'avais du mal à m'endormir, j'ai décidé de me joindre à la fête.

Sous la fenêtre du marié, sur un tapis étalé le long de la rue, un groupe de femmes vêtues de couleurs vives entonne des chants de bénédiction pour le futur couple.

« C'est une tradition hindoue », explique une petite fille qui m'offre un verre de Chaas.

Tout de suite, je fais partie de cette petite communauté réunie à la lumière d'un réverbère.

Et je réalise que la solitude est encore une maladie méconnue dans ce pays.

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